L’aïkido traditionnel
- Aï : harmonie, opposé à toute idée de compétition et d’opposition.
- Ki : énergie vitale (chi en médecine chinoise).
- Do : la voie, la démarche de la réalisation de soi-même.
Aï et ki indique donc que l’aïkido du fondateur n’a rien de commun avec un sport : ni le fonctionnement, ni la pratique. Un sportif ne recherche pas l’harmonie avec son adversaire ! L’aïkido est donc l’inverse d’un sport, il n’y a pas de culte du champion. Tous les arts sont d’ailleurs incompatibles avec la compétition.
L’aïkido est un art martial non violent et sans esprit de compétition, issu du Japon et pratiqué dans le monde entier par des hommes, des femmes et des enfants.
Cette discipline associe entretien physique, self défense, détente, souplesse, coordination motrice, meilleure gestion du stress et des conflits, prévention de la violence sous toutes ses formes, meilleure concentration, plus grande confiance en soi, gestion de l’espace, respect de l’autre, connaissance de son corps, ouverture à une sagesse asiatique millénaire et la liste pourrait continuer.
Bien plus qu’une simple discipline physique, sportive, culturelle ou artistique c’est un art au sens propre, un espace privilégié, dans une société parfois agressive où sont hélas monnaie courante les situations d’isolement, de violence et de stress dues à des rythmes de vie effrénés. Il n’existe aucun équivalent de cet art avec d’autres activités, disciplines ou sports d’aujourd’hui.
Si certains s’abaissent à dénaturer l’aïkido et le transforment en sport, c’est par flemme et par ignorance dans un premier temps. Dans un second temps, pouvoir et argent vous attachent définitivement à cette hérésie.
On va au club du coin sans se préoccuper de ce qu’on y fait réellement et on pense que, comme dans le sport, toute la pratique est normalisée. Ce qui, bien sûr, est complètement faux.
Piégé par ce fonctionnement, vous n’avez pratiquement plus aucune chance d’en sortir pour une raison très simple que l’on appelle en psychologie : le conformisme social.
L’école initiale de judo du début des années cinquante s’appelait Kodokan. En aïkido cela s’appelait « Aïkikai » qui veut dire « maison de l’aïkido ».
Deux dojos célèbres de Tokyo et deux maîtres à l’origine : Maître Jigoro Kano (photo ci-dessous) pour le Kodokan, et Maître Morihei Ueshiba (photo d’illustration au début de l’article) pour l’Aïkikai.
L’histoire du judo est donc connue. L’école Kodokan s’est transformée en fédération sportive et en seulement quelques mois s’en fut fini du judo traditionnel.
L’aïkido a suivi le même parcours pour les mêmes raisons : les arts martiaux en France ayant souvent imité le judo pour obtenir ce résultat navrant.
Le judo était encore une école en 1950. Il y avait encore des maîtres à l’époque comme un célèbre japonais venu en France : Minoru Mochizuki. Ces derniers disparurent avec les compétitions et le sport.
Pourquoi donc ? Et bien parce que dans un sport il n’y a pas de maître ! Le fonctionnement y est à l’opposé du système traditionnel « un maître, un dojo ».
Dans une discipline traditionnelle, et dans les arts martiaux japonais en particulier, c’est le maître qui décide.
Il décide du contenu des enseignements, des évaluations, de la place de chacun dans le dojo.
Dans une fédération sportive le pouvoir est au contraire aux mains d’une administration : « la fédération ». Celle-ci est dirigée par un comité directeur, constitué de bénévoles, qui emploient des professionnels.
Autrement dit, ce sont des pros employés par des amateurs ; le ministère de l’industrie dirigé par les bricoleurs du dimanche si vous préférez.
Pas de maître dans ce système sportif : ce serait une autorité inadmissible pour une administration qui est la seule à détenir le pouvoir.
Ces gens incompétents décident de la pratique sportive qui doit être normalisée pour devenir simple et facile à comprendre. On abandonne donc au passage l’authenticité et la spécificité de l’aïkido, qui en faisait auparavant un art.
Le but de tout cela ?
Pouvoir comparer les performances de chacun et ainsi induire la compétition.
C’est pour cette raison que ce type de structure ne peut pas enseigner un art comme l’aïkido de manière correcte et fidèle à l’enseignement du fondateur de l’aïkido.
Ce fonctionnement, en opposition constante avec la pratique de l’aïkido et ses principes, est incohérent et inadapté à la pratique d’un art martial japonais.
Il s’agit uniquement là d’une pratique sportive, qui ressemble vaguement à un art martial japonais de loin. De très loin même et seulement pour les néophytes non-avertis.
Au Japon, depuis toujours on dit : « Un Maitre, un dojo ».
Chaque artiste martial est différent. Le pratiquant choisit son maitre et pratique avec lui de tout son énergie.