L’aïkido à la Réunion

L’aïkido à la Réunion, comme beaucoup d’autres régions de France, est gangrénée par un important combat d’égo. Il s’agit du combat entre la FFAB (Fédération Française d’Aïkido et de Budo) et la FFAAA (Fédération Française d’Aïkido, Aïkibudo et Affinitaires) réunis à la Réunion sous une seule et même Ligue : la LRAB (Ligue Réunionnaise d’Aïkido et de Budo).

FFAAA et FFAB n’ont eu de cesse depuis leurs créations de s’opposer et de se disputer le monopole des grades et des stages sur les différents territoires (France métropolitaine et Outre-Mer). Toutes les deux sont régies par le Ministère des Sports et de la Jeunesse et toutes les deux se complaisent dans l’idée que l’État leur délivre leurs grades. Combien sont-ils à se vanter d’avoir un « Brevet d’État » ou un « Brevet fédéral » ? Décernés par l’État et par un jury à l’issu d’un examen de quelques minutes sur la réalisation de telle ou telle technique, ces habilitations ne remplissent au final que l’égo des pratiquants à la recherche de reconnaissances et de diplômes à afficher dans leurs « clubs ».

Il est facile de voir en naviguant sur les sites de la FFAAA, de la FFAB ou de la LRAB, de voir à quel point l’aïkido a perdu de son côté traditionnel. Il n’est plus question d’art martial mais de sport. A l’exception des compétitions, tout y est : grades décernés par l’État, organisation de stages nécessaires à l’obtention de telle ou telle grade… Mais en quoi consistent exactement ces fameux examens qui vous permettent de vous vanter de votre Xème Dan ou de votre Brevet d’État ?

Et bien, il s’agit de quelques représentants, quelques « techniciens » triés sur le volet, qui vous jugeront dans un temps impartis, sur des techniques pré-définies lors d’une journée de passages de grade et en l’espace de quelques minutes. Vous ne connaissez pas le jury, il ne vous connait pas et ne cherche pas à le faire. Il vous est demandé d’effectuer une liste de techniques avec un partenaire afin de déterminer si vous avez bien appris votre leçon. Les vidéos de ces passages de grades sont disponibles sur Youtube. Il est difficile d’imaginer que cela se faisait de la sorte au temps du fondateur. Que reste-t-il donc du côté traditionnel de l’aïkido ? La pratique sportive semble désormais avoir pris le dessus.

Voilà donc ce que cela donne lorsque l’État veut se mêler de ce qui ne fait à la base pas partie de ses compétences. Il n’existe nulle part ailleurs un tel système où l’Etat se mêle de la pratique de l’aïkido et des grades à attribuer. Assez spécial comme fonctionnement quand même lorsque l’on dit pratiquer un « art martial traditionnel » mais que l’on ne vit qu’à travers le regard du Ministère de la Jeunesse et des Sports, n’est-ce pas ? Je vous recommande d’ailleurs de lire l’article disponible ICI pour comprendre la différence entre sport et art martial.

La Réunion ne déroge pas à la règle. Sur notre petit territoire, les égos ont bien souvent besoin de se nourrir de reconnaissance et de titre. Par besoin de se sentir important, certains donnent parfois l’impression de n’exister que grâce à leur titre de Trésorier ou de Président de ligue. On assiste donc à une bataille sans pitié pour le pouvoir. Les conflits et les coups bas sont nombreux. À l’instar de la tentative qui avait déjà eu lieu avec l’UFA (Union des Fédérations d’Aïkido), la LRAB connait, elle aussi, son lot de rebondissements.

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